Cyberharcèlement de la journaliste Nadia Daam : 5 mois avec sursis probatoire en appel

juil 30, 2022

La cour d’appel de Rennes a légèrement aggravé mercredi la condamnation d’un trentenaire à cinq mois de prison avec sursis probatoire de trois ans pour avoir harcelé sur internet la journaliste Nadia Daam, après une chronique.

La cour d’appel de Rennes a légèrement aggravé la peine. Mercredi, un trentenaire a été condamné à cinq mois de prison avec sursis probatoire de trois ans pour avoir harcelé sur internet Nadia Daam. En novembre 2017, sur Europe 1, la journaliste avait qualifié un forum de «poubelle à déchets non recyclables d’internet», lors d’une chronique humoristique portant déjà sur le cyberharcèlement subis par deux militants féministes sur le site Jeuxvideos.com. Elle subit alors un déferlement de haine en ligne et porte plainte dès le lendemain. Parmi les auteurs de ces messages d’une grande violence se trouve le prévenu, Charlie Vidal. Agé de 31 ans, il menaçait alors «de nombreux viols» la fille mineure de la journaliste.

Obligation de soins

Charlie Vidal, étudiant en philosophie et assistant d’éducation, a été condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Rennes à cinq mois de prison avec sursis simple et 2 500 euros pour préjudice moral en 2019. La cour d’appel a donc aggravé la peine, ajoutant un sursis probatoire de trois ans, 4 000 euros de dommages et intérêts et l’obligation de se soumettre à des soins psychiatriques, pour menace de crime envers la famille de Nadia Daam et en particulier sa fille mineure.

Le prévenu n’a «pas remis en cause son comportement», qu’il assimile «à un droit de réponse» selon la cour d’appel. Sa personnalité «inquiétante» ajoutée à la gravité des faits ont motivé la peine. Cette décision a été attendue «évidemment trop longtemps» selon maître Eric Morain, l’avocat de la journaliste, qui a déclaré sa «satisfaction de voir le prévenu contraint de se soigner et d’indemniser» sa cliente.

Nadia Daam, qui travaille désormais sur Arte comme chroniqueuse dans l’émission 28 minutes, avait indiqué à l’audience que «tout avait changé» après ces attaques en ligne. «J’ai reçu des centaines de messages, des menaces de mort, des photomontages en train de me faire égorger ou violer, avec le nom et l’identité de ma fille», avait-elle dit, émue. «Je ne travaille plus pareil, ça m’a ôté une partie de ma liberté», avait-elle confié, rappelant en outre qu’elle avait dû déménager après ces menaces. L’avocat de Charlie Vidal, maître Frédéric Berrien, a affirmé «ne pas exclure fondamentalement un pourvoi en cassation».

Libération